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dans les pyramides d’Égypte, tantôt qu’il remuait le sol voisin d’Olympie et en retirait les chefs-d’œuvre enfouis de Phidias et de Lysippe. Sa seule joie durant ces années de vocation refoulée fut d’aller visiter le musée de Dresde, où il put voir enfin quelques beaux marbres antiques. Il se décida durant plusieurs années à être tour à tour précepteur dans des maisons particulières et professeur dans des institutions publiques. Enfin lassé de cette vie de contrainte, il se détermina à écrire au comte de Bunau, très-riche seigneur allemand, lettré et ami des arts. Winckelmann sollicita de lui de le placer dans un coin de sa bibliothèque ; le comte lui donna aussitôt asile dans le château où cette magnifique bibliothèque était réunie, et il fut pour Winckelmann un Mécène plein de bonté. C’est alors que le jeune antiquaire s’écria : » La religion chrétienne et les muses se sont disputé la victoire, enfin les dernières l’emportent ! »

[Illustration : Le comte lui donna aussitôt un asile dans le château.]

Tandis que Winckelmann vivait dans ce château, pouvant se livrer exclusivement à ses chères études et posant déjà les principes de sa magnifique Histoire de l’art, le nonce du page à Dresde, vint visiter la bibliothèque du comte de Bunau, et frappé de l’érudition artistique de Winckelmann, il lui dit : » Vous devriez venir à Rome ! » Ceci fut l’étincelle électrique qui fit prendre feu à son rêve. Aller à Rome, obtenir une place à la bibliothèque du Vatican, c’était à n’y pas croire. Le nonce y mit pour seule condition que Winckelmann se ferait catholique ! — » Voulez-vous, lui disait-il, voir l’Apollon du Belvéder, la Vénus de Médicis, les Faunes, les Muses, Silène, etc., etc., abjurez ! » Le cœur et l’esprit de Winckelmann, indifférents à tout hors à la beauté des dieux d’Homère, ne trouvèrent pas une objection.

Enfin il vit l’Italie, il résida à Rome, il séjourna à Naples et assista aux fouilles d’Herculanum. C’est à Rome qu’il écrivit tous ses ouvrages ; il vécut là heureux, compris,