Martini, si célèbre dans la science du contre-point. Cet harmoniste consommé fut confondu, selon sa propre expression, des éclairs que lançait cette jeune tête, et il lui prédit avec assurance la gloire qui la couronna plus tard.
L’académie des Philharmoniques de Bologne, désirant s’associer le jeune Allemand, lui fit subir l’épreuve imposée aux récipiendaires : il fut enfermé dans une chambre où il trouva le thème d’une fugue à quatre voix. En une demi-heure le morceau fut composé, et Mozart reçut son diplôme. Personne, à son âge, n’avait obtenu avant lui cette marque de distinction.
De Bologne il passa à la cour de Toscane. Le grand-duc, ravi de l’entendre, le combla d’honneurs et de présents ; la belle galerie de l’ancien palais des Médicis retentit de ses chants : on eût dit que les peintures s’animaient pour l’écouter, et la Vénus pudique semblait lui sourire. La présence de ces chefs-d’œuvre l’inspirait : il se surpassa ; jamais sa voix n’exprima avec plus d’âme ses improvisations sublimes. Il avait trouvé là une atmosphère digne de lui. Comme ces oiseaux des tropiques qui roucoulent leurs chants au milieu du triple éclat des grandes fleurs, de la lumière et des eaux murmurantes, il chantait parmi les marbres, les tableaux et le luxe éblouissant d’une cour amie des arts et des lettres.
Mais son triomphe le plus grand et le plus singulier fut à Naples. Là on ne put croire au génie naturel de l’enfant merveilleux. L’enthousiasme se changea en superstition : on prétendit, et plusieurs l’affirmèrent, que son talent magique était l’effet d’un talisman. Ne souriez pas, jeunes lecteurs ; ceci n’est que la conséquence de