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est si facile à l’esprit, il fut introduit dans le cabinet du pape. Deux attachés de l’ambassade d’Autriche le suivaient. Clément XIV lui tendit son anneau à baiser et lui dit avec bonté :

» Est-il vrai, mon enfant, que ce chant sacré, réservé jusqu’ici pour notre seule basilique de Rome, se soit gravé dans votre mémoire à la première audition ?

— C’est la vérité, saint-père.

— Et comment cela se peut-il ?

— Sans doute par la permission de Dieu, répliqua naïvement le jeune artiste.

— Oui, c’est Dieu qui fait le génie, reprit le saint-père, et vous êtes évidemment, mon fils, un de ses élus. Si Dieu a permis que vous pussiez vous approprier miraculeusement ce chant, c’est que, sans doute, vous êtes destiné à en créer pour l’Église d’aussi beaux, d’aussi religieux dans l’avenir. Allez donc en paix, mon enfant. » Et il lui donna sa bénédiction, à laquelle furent ajoutés, par son ordre, de riches présents.

Cet enfant prodigieux fut Mozart, l’auteur de tant de chefs-d’œuvre, parmi lesquels il n’est personne qui ne connaisse Don Juan et la messe de Requiem. Dès l’âge de trois ans, son père lui avait appris les premières notions musicales, et il en avait à peine six, qu’il exécutait des morceaux de clavecin devant l’empereur François Ier d’Autriche, qui le surnomma son petit sorcier, et l’associa aux jeux de l’archiduchesse Marie-Antoinette, encore enfant.

Durant ce voyage d’Italie, où nous venons de le voir à Rome donner une preuve si éclatante de son génie naissant, Mozart s’arrêta d’abord à Bologne pour voir le maëstro