— Mais je crois l’avoir vu, murmura Son Éminence.
[Illustration : Mozart à la villa Borghèse.]
— Monseigneur, vous m’avez vu lire et non écrire, répondit l’enfant respectueusement, mais avec assurance.
— Mais ce que vous lisiez, vous l’aviez écrit sans doute ?
— Oui, je l’avais écrit de mémoire.
— De mémoire ! impossible, car pas une note ne manque au chant que nous venons d’entendre, c’est la copie sans altération du Miserere d’Allegri.
— Sans doute, monseigneur, ajouta l’enfant, et quoi de plus simple ? Cet air a tellement ému mon âme, qu’il s’est empreint en elle jusqu’à la dernière mesure. Voilà la vérité, et je vous le jure, monseigneur, par ce chant sacré. »
La foule restait confondue. Les princes et les hauts dignitaires entouraient l’enfant et le complimentaient ; quelques rébarbatifs disaient ;
» N’importe, il faut lui interdire de répéter ce chant et surtout de le transcrire !
— Et comment faire ?
— Le pape en décidera, » dit le même cardinal à qui le petit musicien venait de faire son serment.
Le lendemain, l’enfant de génie était mandé au Vatican : le pape avait désiré le voir. Il traversait d’un pas léger et tranquille ces vastes et magnifiques salles que Raphaël a décorées, et son œil bleu, intelligent et fier, s’arrêtait avec admiration sur les fresques immortelles dont nos jeunes lecteurs peuvent voir de belles copies au Panthéon.
Après avoir erré et attendu dans ces salles où l’attente