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Son père le recommanda brièvement plutôt à la sévérité qu’aux soins du directeur de l’école, qui était son ami, puis il retourna à son village, ayant accompli, pensait-il, son devoir.

Le petit Charles se sentit d’abord comme perdu et abandonné ; mais l’intérêt et l’amitié qu’il trouva dans quelques écoliers de son âge lui rendirent le courage. Il résolut de travailler pour satisfaire son père ; et, tant que dura l’hiver, il s’appliqua avec ferveur aux études latines et théologiques. Quand le printemps parut, il sentit en lui comme un souffle orageux et tout-puissant qui l’emportait loin des murs de l’école à travers les vallées et les montagnes que commençait à couvrir une végétation naissante ; l’air qu’il respirait lui apportait les senteurs des fleurs et des herbes ; il était attiré invinciblement vers elles : son beau songe lui revenait ; il y voyait un emblème de sa destinée, et s’écriait, dans son angoisse présente :

» Non ! non ! Dieu ne m’a pas créé pour être un ministre protestant ! C’est d’une autre manière que je dois l’adorer et proclamer sa grandeur ! »

Il résista d’abord aux tentations de ses instincts invincibles ; mais, un jour que toute l’école sortit pour faire une promenade dans la campagne, il s’éloigna de ses camarades et se perdit au milieu des rochers dans une gorge tapissée de plantes grimpantes et de fleurs. Là, captivé par la nature, l’embrassant et la caressant comme il eût caressé sa mère, il oublia tout dans la contemplation des trésors qui s’offrirent à lui. La nuit le surprit remplissant ses poches et entassant sur sa poitrine les plantes qu’il avait recueillies. Arrêté