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ville de Vixioe. La mère éclata en sanglots ; le père s’écria que les larmes n’y pouvaient rien ; et, quand le petit Charles rentra furtivement à la maison, il comprit que les dissensions et le chagrin y avaient pénétré par sa faute : il essaya de se justifier et de promettre à son père une obéissance aveugle pour l’avenir ; celui-ci resta inflexible. Il sortit en donnant ordre à la mère de préparer les hardes de son fils, qu’il conduirait lui-même dès le lendemain à Vixioe.

Quel déchirement pour la mère et pour l’enfant que cette brusque séparation ! La mère surtout ne pouvait se résoudre à se séparer de son fils bien-aimé. Depuis qu’elle l’avait porté neuf mois dans son sein et nourri de son lait, jamais elle ne l’avait quitté un seul jour.

» Non ! non ! cela était impossible, répétait-elle en couvrant de ses mains son visage inondé de larmes. »

Charles, désespéré de voir pleurer sa mère, étouffa sa propre douleur et essaya de lui donner du courage ; il lui disait :

» La ville où je vais est voisine ; nous nous verrons souvent ; puis je travaillerai bien et vite pour satisfaire mon père, et je reviendrai. »

Mais la mère pleurait toujours ; un seul jour de séparation lui était une grande angoisse. Cependant, sachant que son mari était inébranlable dans ses volontés, elle commença à préparer les effets de son fils dans une petite malle. Elle mit au fond ce bien-aimé et fatal herbier qui était la cause de leur séparation ; puis un peu d’argent en petite monnaie ; puis des confitures et des fruits secs : friandises du foyer que les mères se plaisent à donner aux enfants.