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prie Dieu, déjeune et cours dans les champs avant que ton père ne s’éveille ; tu as une petite heure pour aller à la découverte de tes plantes ; va donc, mon fils, puisque c’est là ton amour et ton bonheur. »

L’enfant remercia sa mère ; et, tandis qu’elle l’aidait à s’habiller, il lui raconta le songe merveilleux qu’il venait de faire.

Sans y rien comprendre, la mère y vit un présage de bonheur et de gloire pour son fils et résolut de l’aider de plus en plus dans sa vocation. Aussitôt qu’il fut habillé, elle lui présenta une écuelle de bois pleine d’un potage fumant que l’enfant mangea avec appétit ; puis elle l’enveloppa dans une petite houppelande de gros drap dont elle redressa le col, qui cacha jusqu’au-dessus des oreilles le frais visage de l’enfant. Il partit joyeux, un bâton à la main. La bonne mère avait retranché au moins deux heures de son sommeil habituel pour donner ces doux soins à son fils et pour satisfaire à son désir.

Cherchez dans votre souvenir, enfants qui me lisez, et vous trouverez tous que vos mères ont eu pour vous de ces tendresses-là.

[Illustration : Puis elle l’enveloppa d’une petite houppelande de gros drap]

Durant quelques jours le petit Charles put herboriser en paix dans les montagnes et découvrir dans leurs anfractuosités quelques pauvres fleurs et quelques frêles mousses épargnées par la neige. Mais, un matin que le père s’éveilla plus tôt que de coutume pour aller voir un malade qu’il avait laissé mourant la veille, il se mit dans une grande colère en ne trouvant pas son fils au logis. La mère en vain objecta quelque prétexte ; le sévère ministre ne s’y laissa point tromper et jura que, dès le lendemain, l’enfant serait envoyé à l’école latine de la