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c’est encore avec des plantes indiquées par notre petit Charles qu’elle s’est guérie. Le médecin de la ville, qu’elle fit venir, déclara que ce pansement de plantes était bon, qu’il fallait le continuer, et que celui qui l’avait fait n’était pas un ignorant.

— En tout cas, reprit le père, comme je ne veux pas faire de mon fils un docteur-médecin, mais un docteur en théologie, un ministre de l’Église comme moi, il aura pour entendu de renoncer à ce sot herbier, et de donner désormais tout son temps, sous ma direction, à l’étude des saintes Ecritures et à celle du latin ; sans cela, je lui promets bien qu’avant huit jours je l’envoie à l’école latine de la ville, où il vivra sous une rude discipline. »

La mère voulut répliquer, mais le pasteur lui imposa silence par sa gravité, et se penchant sur sa Bible, il y continua sa lecture à voix basse.

On n’entendit plus alors dans la salle enfumée, qui servait à la fois de cuisine, de salon et de salle à manger à la pauvre famille du pasteur, que le bruit des aiguilles à tricoter que faisaient aller la ménagère et les deux petites filles, et le bruit moins distinct de la plume du jeune garçon qui écrivait ses versions latines.

Il mettait à son travail une absorption et une rapidité presque fiévreuses. On sentait qu’il voulait faire bien et vite une besogne antipathique. Lorsqu’il eut fini, il poussa un soupir d’allégement qui interrompit le silence que gardait toute la famille.

» Eh bien ! dit le pasteur qui souleva sa tête appesantie par la lecture, la méditation, ou peut-être un demi-sommeil.