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plus élevé, la politique, la science, l’attirait toujours ; quand le soir était venu et qu’il se promenait seul dans la campagne de Philadelphie, il se demandait souvent avec tristesse si quelque voie lui serait enfin ouverte pour accomplir sa destinée.

Un soir, assis sur une hauteur qui dominait la ville, il s’y oublia jusqu’à la nuit. Tout à coup un orage le surprit, un de ces orages formidables dont ceux des contrées européennes ne sauraient nous donner une idée ; la foudre éclata sur un édifice et y mit le feu ; bientôt la flamme s’étendit et dévora le monument. Benjamin accourut, guidé par la sinistre lueur ; plusieurs personnes avaient péri ; c’était un spectacle navrant. Le jeune savant rentra le cœur brisé, et passa la nuit à méditer, la tête penchée sur sa table de travail : il avait depuis quelque temps constaté le pouvoir qu’ont les objets taillés en pointe de déterminer lentement et à distance l’écoulement de l’électricité ; il se demanda si on ne pouvait pas faire de ces objets une application utile qui fît descendre ainsi sur la terre l’électricité des nuages ; il se dit que si les éclairs et la foudre étaient des effets de l’électricité, il serait possible de les diriger et de les empêcher de détruire et de ravager. C’est aux réflexions de cette nuit de veille douloureuse qu’on dut plus tard le paratonnerre, dont Benjamin fut l’inventeur.

Cependant la renommée d’un savant si précoce ne tarda pas à se répandre dans Philadelphie. Sir William Keith, gouverneur de la province, qui était un homme remarquable, voulut le voir et l’interroger ; il comprit ce que deviendrait dans l’avenir ce jeune et hardi génie. Il