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monnaies anglaises (en tout la valeur de cinq francs), il alla s’asseoir sur le rivage de la mer, et, malgré lui, il se prit à pleurer ; ce soir-là, il ne songea ni à nager ni à ramer au loin. Comme il se lamentait ainsi, sans regarder les vagues qui mouillaient ses pieds, le capitaine d’un brick, un de ses vieux amis, passa près de lui.

» Quoi ! Benjamin devient paresseux au plaisir ? Benjamin ne nage pas ? Benjamin ne chante plus ? lui dit-il en lui frappant sur l’épaule ; puis il ajouta : Benjamin ne veut-il pas, pour se distraire, venir boire un coup à mon brick, qui est en partance demain pour New-York ? »

Touché de la bonté du vieux marin, Benjamin lui conta toutes ses peines.

» Eh bien ! lui dit le capitaine après avoir écouté son récit, si tu m’en croyais, tu n’en ferais ni une ni deux, et tu partirais demain avec moi pour New-York ; peut-être y trouveras-tu de l’ouvrage : en tout cas, tu iras jusqu’à Philadelphie, où j’ai un parent imprimeur, qui te recevra comme un fils. »

Benjamin avait l’esprit aventureux ; il agréa avec joie la proposition du capitaine, et le soir même il était à son bord.

Favorisés par un beau temps, ils arrivèrent rapidement à New-York ; mais, n’y ayant pas trouvé d’ouvrage, Benjamin en repartit aussitôt pour Philadelphie, muni d’une lettre du bon capitaine à son parent, l’imprimeur Keirmer. Il trouva une maison hospitalière, un maître intelligent et doux, qui comprit tout ce que valait le noble adolescent, et le traita comme son propre enfant. Benjamin travailla avec ardeur pour prouver sa gratitude, et bientôt il devint le chef de l’imprimerie. Mais un labeur