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comme simple ouvrier jusqu’à vingt et un ans, sans recevoir de gages que la dernière année.

Franklin devint bientôt très-habile dans ce métier qu’il aimait parce qu’il lui permettait de se procurer tous les ouvrages des grands poëtes, des grands historiens et des grands philosophes dont le génie l’attirait ; il se mit lui-même à écrire ; il composa de petites pièces, entre autres deux chansons sur des aventures de marins que son frère imprima et lui fit vendre par la ville. L’une de ces chansons eut un grand succès, ce qui flatta beaucoup l’enfant ; mais son père qui était un esprit éclairé, au-dessus de sa profession, lui fit comprendre que ses vers étaient très-mauvais ; il s’essaya dans une littérature plus sérieuse.

Son frère était l’imprimeur d’une des deux gazettes qui paraissaient alors à Boston ; le jeune Benjamin fit pour cette feuille quelques articles qu’il ne signa point, mais qui réussirent fort. Il finit par faire connaître qu’il en était l’auteur, et tout le monde le loua, excepté son frère, qui était jaloux de lui et le maltraitait sans cesse ; bientôt leurs dissentiments augmentèrent ; Franklin quitta l’imprimerie de son frère ; celui ci le discrédita tellement à Boston qu’il ne put trouver de travail chez aucun imprimeur. Il résolut de quitter cette ville et de n’en rien dire à personne : il s’embarqua à la faveur d’un bon vent et arriva en trois jours à New-York, éloigné de trois cents milles de la maison paternelle ; il avait alors dix-sept ans, il était sans aucune ressource et ne connaissait pas un individu auquel il pût s’adresser. Ne trouvant pas d’ouvrage à New-York, il se rendit à Philadelphie où il fut plus heureux. Le gouverneur de la province s’intéressa à lui et lui offrit de l’envoyer à Londres chercher tous les matériaux d’une imprimerie qu’il voulait établir.

Franklin accepta, mais ce voyage à Londres lui causa