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tante, et il faudrait pourtant bien le fêter dignement, ce cher enfant, qui sera la gloire de sa famille. »

Le père proposa de convier toutes les familles de la noblesse qui habitaient dans les environs, et de leur lire, pour l’anniversaire du jour de la naissance de son fils, cette tragédie d’Ajax.

Le bon curé, la mère et la tante, applaudirent à cette idée.

» Père, répliqua l’enfant, ce sera bien froid. Si M. le curé peut trouver, dans ses connaissances et dans ses élèves, les acteurs nécessaires, ne vaudrait-il pas mieux transformer cette salle en salle de spectacle, et y jouer ma tragédie ! C’est moi qui remplirai le personnage d’Ajax !

— Quelle idée ! répliqua la mère avec crainte.

— Oh ! je vous comprends, reprit l’enfant un peu tristement, vous avez peur que je ne fasse rire ; rassurez-vous, on ne verra plus ma taille, on n’entendra que mes vers, et cette fois, je suis tellement sûr de moi, que je veux que mes anciens compagnons d’école, qui m’ont raillé, assistent tous à cette représentation. »

Les désirs de l’enfant n’étaient jamais combattus par cette famille qui l’adorait ; il fut donc décidé qu’une grande fête serait donnée au mois de mai, dans le riant cottage de Benfield. Le bon curé se chargea des répétitions de la tragédie d’Ajax, le père des invitations, la tante de la lente et savante confection du lunch splendide qui devait être servi à l’aristocratique compagnie. Quant à la tendre mère, elle se préoccupa avec un soin plein d’anxiété du costume d’Ajax, que devait revêtir son petit Alexandre, elle imagina des chaussures pour