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à pied, soit sur un joli petit poney que son père avait acheté pour lui]

L’enfant se soumettait à ces promenades parce qu’il pouvait, tout en les faisant, composer des vers et les réciter tout haut en face de la nature silencieuse qui semblait l’écouter. C’était surtout les vers d’Homère et de Virgile qu’il se plaisait à déclamer de la sorte. Il aimait à marier l’harmonie de ces belles langues antiques aux bruissements mélodieux des cimes des vieux arbres.

Un an s’était à peine écoulé que l’enfant fortifié par le grand air avait une carnation rose et des yeux vifs qui annonçaient la santé et presque la force. Sa taille seule restait chétive, et quand il se regardait par hasard dans un miroir ou dans un courant d’eau, il se disait tristement : » Oh ! je serai toujours le petit bossu ! » Mais relevant aussitôt fièrement la tête : » Eh ! qu’importe ! ajoutait-il, si je suis un grand poëte. »

L’Iliade l’enflammait tellement qu’il s’exerça, à l’insu de son instituteur et de son père, à mettre en scène quelques-uns des personnages d’Homère. C’est ainsi qu’à l’âge de douze ans il fit sur Ajax une espèce de tragédie en vers anglais, reflets souvent très-beaux, très-justes et très-concis des vers d’Homère. Quand il eut terminé cet essai et qu’il le lut un soir en famille à la veillée, ce furent de la part du père et du maître un étonnement et une admiration qu’ils ne purent contenir. Quant à la mère et à la tante, leur enthousiasme éclata par les larmes et les caresses dont elles couvrirent le jeune poëte.

» Voici le jour de sa naissance qui approche, dit la