Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/253

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Et contre quoi ? répliqua le jeune homme avec anxiété.

— Contre deux mélodies écrites par le grand maître qui a composé les airs que chante si bien ma perruche.

— Avez-vous du papier de musique ?

— En voici, dit la dame. »

Le jeune compositeur s’assit auprès d’une table et traça sans hésitation plusieurs lignes de notes, puis il mit au bas sa signature et son parafe. La belle comtesse le suivait des yeux :

» Quoi, c’est vous Rameau ? notre célèbre Rameau ! » et elle s’inclina comme pour rendre hommage au génie.

Rameau, car c’était bien lui, s’excusait de sa hardiesse et de son importunité ; la dame se félicitait d’avoir fait connaissance avec l’aimable et brillant compositeur qui, si jeune encore, s’était couvert de gloire.

Ils causèrent ainsi quelques instants, puis la dame donna des ordres à ses gens pour qu’on attelât son équipage, qu’on y déposât tout doucement la perruche, qui s’était endormie dans sa cage dorée, et qu’on reconduisît chez lui M. Rameau.