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le gardien, sa femme et quelques soldats l’accompagnèrent à Newport. Le petit prince menait le deuil ; c’était pitié de le voir, le visage couvert de larmes, libre un seul jour d’aller à travers la campagne pour conduire la bière de sa sœur !

Le gouverneur de Carisbrooke suivait le cortége, moins pour faire honneur à la morte que pour s’assurer que ses ordres seraient exécutés : on déposa la princesse Élisabeth dans un cercueil de plomb, sur lequel se trouvait l’inscription Suivante :


ÉLISABETH, IIe FILLE DU DERNIER ROI CHARLES,

DÉCÉDÉE LE 8 SEPTEMBRE 1650.

On descendit le cercueil dans les caveaux de l’église Saint-Thomas, sous une voûte arquée près de l’autel, les initiales E. S. (Elisabeth Stuart) marquèrent le lieu ; longtemps cette sépulture fut oubliée.

Le petit duc de Glocester était revenu mourant dans le donjon de Carisbrooke ; il refusait de prendre aucune nourriture. Cromwell, craignant de le voir mourir en prison, ordonna qu’on le mît en liberté ; on le transporta en France, où il retrouva sa mère. Mais il portait dans son cœur un germe de mort ; les ombres de son père et de sa sœur semblaient le poursuivre toujours et le rappeler de la vie. Les joies de la restauration n’adoucirent pas son deuil ; il mourut à vingt et un ans, morne et taciturne, dans une chambre de Whitehall, sans avoir voulu prendre part à aucune des fêtes données par son frère Charles II.

Aujourd’hui l’heure est venue où toute l’île de Wight