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Un matin, un chant de psaume se fit entendre comme le frère et la sœur faisaient leur promenade habituelle sur le rempart. La femme du gardien les avait suivis, car la jeune princesse était si faible qu’elle craignait à chaque pas de la voir tomber.

Un enterrement passait dans les sentiers fleuris ; c’était une jeune fille que l’on portait au cimetière. Ceux qui suivaient pleuraient sur la trépassée, qui, n’avait pas quinze ans. » Oh ! ne pleurez point, s’écria la princesse Élisabeth ; le repos dans le sein de Dieu, c’est le bonheur. »

Lorsqu’arrivèrent les jours chauds du mois d’août, le mal qui la tuait parut empirer ; l’haleine lui manquait pour faire sa chère promenade sur les remparts. Bientôt il lui devint même impossible de marcher dans la cour ; elle ne quitta plus la petite chambre où nous sommes, et quand elle parlait, sa voix était si éteinte qu’on se sentait attendri. Le sommeil l’aurait reposée, mais la toux l’empêchait de dormir, et, chaque matin, la femme du gardien la trouvait plus pâle et plus amaigrie ; elle essayait encore d’instruire son frère, de lire ses livres aimés et d’écrire ce qu’elle avait pensé et souffert dans sa vie, mais elle ne le pouvait plus sans une forte souffrance. Alors, résignée, elle disait : » Attendons ! » — Les soins n’y faisaient rien. Si les soins avaient pu la guérir, la bonne femme du gardien l’aurait sauvée. Quand les premières feuilles tombèrent, on vit bien qu’elle était perdue.

Un matin (le 8 septembre 1650), la femme du gardien entrait ici à l’heure habituelle, tenant à la main la tasse de lait que la princesse buvait chaque jour en