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pour réclamer contre les ordres des bourreaux de son père. Mère adolescente, le malheur lui avait suggéré toutes les délicatesses des soins maternels. Comme la neige avait cessé de tomber et qu’un pâle soleil se jouait sur sa blancheur, les enfants demandèrent à se promener un peu dans la cour et sur les remparts ; on leur laissa là quelque liberté, car la citadelle était fermée de toutes parts, et les pauvres petits prisonniers n’étaient guère capables de s’échapper. Aussitôt qu’ils furent maîtres de leurs pas, on les vit se diriger tous deux, sans s’être consultés, vers la partie des remparts où est la fenêtre en ogive. Ils appuyèrent leurs têtes sur les barreaux, enlacèrent leurs petites mains et restèrent longtemps à penser à leur père.

[Illustration : Elle la trouva en prière avec son petit frère Henry]

On n’a pas douté que la vue toujours présente de cette fenêtre ne hâtât le dépérissement de la douce princesse ; cette tête de roi qui passa par là, tandis que le corps ne put suivre, lui présentait l’image de l’échafaud, où la tête de son père tomba sanglante ! Chaque jour, à chaque heure, la vue de l’ogive trop étroite qui fit manquer l’évasion, lui rappelait cette affreuse mort que la fuite aurait empêchée. C’était une douleur sans cesse renouvelée ; aussi mon aïeule disait-elle bravement au gouverneur, ami de Cromwell, qu’avoir conduit là ces deux pauvres petits êtres, c’était un raffinement de cruauté indigne de bons chrétiens. Elle sentait bien, l’honnête femme, que le choix de cette prison était une torture qui les tuerait lentement, surtout la jeune princesse, qui semblait déjà près de mourir.

Cependant, les premiers jours qui suivirent son arrivée, elle fit de grands efforts de courage ; elle