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le roi avait été décapité aux rigueurs qui s’étendaient sur eux : la pension que leur faisait le Parlement fut supprimée ; ils perdirent leur titre de prince, et leurs serviteurs leur furent enlevés ; Cromwell parla même de leur faire apprendre un métier. Le petit duc devait devenir un ouvrier cordonnier, et la jeune princesse une ouvrière en boutons.

Ces indignités (qui heureusement pour la nation anglaise ne s’accomplirent pas) me faisaient penser aux tortures infligées au fils de Marie-Antoinette ; il en mourut, et les autres, suivant la belle expression anglaise, moururent d’un cœur brisé.

Je savais la fin prématurée de ces deux adolescents, dont la vie fut si vite assombrie par le malheur ; mais les circonstances de leur déclin, les détails, qui sont la physionomie des choses, m’échappaient. Les historiens contemporains parlent peu de la mort de cette jeune princesse, si merveilleusement intelligente, dont tous célèbrent l’esprit. Elle naquit dans le palais de Saint-James, le 8 janvier 1635 ; elle était d’une beauté attrayante qui semblait refléter son cœur affectueux et son vif esprit. Van Dyck en a fait un portrait quand elle avait sept ans. C’est une petite fille, au cou tendu, à la mine éveillée et mutine. Elle avait douze ans quand le comte de Montreuil, alors ambassadeur de France à Londres, écrivait d’elle à sa cour : » qu’elle était d’une grande beauté, qu’elle rappelait par son esprit le roi Henri IV, son grand-père, et que jamais dans un enfant il n’avait vu tant de grâce, de dignité et de sensibilité. »

Hume va plus loin, il lui accorde une grande supériorité de jugement, et le chancelier Clarendon ajoute que son intelligence inusitée et profonde était un sujet d’étonnement