Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/211

Cette page n’a pas encore été corrigée

Avant de la suivre dans les appartements intérieurs, je voulus continuer mon exploration des remparts et des tours démantelées. Tout ce qui reste des remparts était couvert d’une végétation vigoureuse ; les genêts et les sureaux en fleurs répandaient dans l’air leurs chauds parfums qui me rappelèrent ceux des campagnes du Midi. Les abeilles assiégeaient ces fleurs pour y prendre leur miel.

Je descendis des remparts, je traversai la place d’armes, je laissai à ma gauche les bâtiments plus modernes que la jeune fille devait me montrer, et je me dirigeai vers la tour principale, la grande tour bâtie par les Romains, près de laquelle s’élèvent deux magnifiques sapins. Les chroniques des sixième et neuvième siècles parlent de cette tour comme d’une place très-importante ; elle avait alors à sa base un puits de trois cents pieds de profondeur, qui fut comblé plus tard comme inutile. On monte jusqu’au sommet effondré de cette tour par un escalier de soixante-douze marches très-hautes et très-rudes, qui de loin font ressembler cet escalier à une échelle presque perpendiculaire. À l’angle sud-est de la tour romaine sont les restes d’une autre tour plus basse appelée Montjoye, dont les murs ont dix-huit pieds d’épaisseur. Arrivée sur le parapet en ruine qui couronne la haute tour romaine, je m’assis sur des touffes de bruyères pour contempler longuement la mer et la campagne qui se déroulaient sous mes yeux.

J’avais en face, sur le premier plan, la forêt et le village de Carisbrooke, et, plus loin, à droite, la ville de Newport ; à gauche, l’Océan, dont la marée montait, et où quelques voiles se montraient au large ; derrière moi