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sureaux et des ronces. Le hasard m’avait bien guidée ; c’est là que se trouve la fenêtre de la citadelle par laquelle Charles Ier tenta de s’échapper. Cette fenêtre, formée de deux ogives, était voisine de la chambre du prisonnier. Chaque ogive n’avait d’abord qu’un barreau, mais, après la tentative d’évasion, le barreau fut doublé. Un figuier et une vigne sauvage s’enlacent maintenant à cette fenêtre et y forment un treillis. Tandis que je regardais la base des remparts extérieurs, à travers le feuillage frissonnant à la brise de mer qui soufflait de l’ouest, j’entendis dans la grande cour de la forteresse une voix de jeune fille qui me disait en anglais : » Quand madame aura vu à son gré les ruines, je la conduirai dans les appartements fermés. » Celle qui me parlait ainsi paraissait avoir dix-huit ans. Sa taille était élancée, son visage avait un éclat de carnation que possèdent seules les jeunes Anglaises ; j’en dirai autant de ses yeux noirs, tranquilles et profonds ; ce ne sont point les yeux des Italiennes, ils ont plus de pensée et moins de flamme ; sa chevelure brune et abondante était nattée sous un chapeau rond en paille grise. Elle portait une robe en mousseline blanche et lilas, dont le corsage flottant était fermé au cou par un nœud de ruban cerise ; les manches laissaient le bras à découvert jusqu’au coude ; les mains étaient voilées par de petites mitaines en filet noir. Elle avait dans toute sa personne cette propreté anglaise irréprochable.

Je lui demandai comment elle possédait les clefs du château ; elle me répondit qu’elle était la fille du concierge du lord gouverneur (c’est toujours un lord qui est le gouverneur titulaire de ces ruines), et qu’elle était chargée d’accompagner les visiteurs.