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DEUX ENFANTS DE CHARLES Ier.

Chaque pays a son Eldorado, son coin de terre enchanté que le soleil caresse, que la nature embellit, et où on voudrait vivre les belles années de la jeunesse. La France a ses îles d’Hyères et l’Italie ses îles du lac de Côme ; l’Espagne a Grenade, le Portugal a Cintra, l’Angleterre a son île de Wight.

Dans les premiers jours d’août 1859, je partis de Londres à trois heures, par un temps brumeux, et j’arrivai à six à Portsmouth, par un magnifique soleil couchant qui me rappela ceux du Midi. La mer, d’un vert d’aigue-marine, était azurée par le reflet du ciel. Je montai sur le pont du steamer qui devait me conduire à l’île de Wight, et bientôt l’île charmante, l’île jardin de l’Angleterre, sœur lointaine de l’Isola-Bella, apparut devant moi comme un immense radeau de verdure et de fleurs caressé par les flots.

Tandis que le steamer s’éloignait du port de Portsmouth, un grand vaisseau de guerre y arrivait ; il revenait de Crimée chargé de soldats, qui tous se pressaient sur le pont pour saluer les côtes de l’Angleterre. Les uniformes rouges et les armes brillantes se détachaient