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Allons, Antoine, le feu aux poudres, et à la grâce de Dieu ! Il ne faut pas que ces hérétiques nous aient vivants. »

— Oh ! que cela est beau ! que cela est beau ! s’écria le petit Jean transporté et en embrassant son père, dont le visage devenait de plus en plus livide.

— Je vois encore, poursuivit le corsaire, le Renard de la mer, debout sur le pont, cramponné de tout son poids au capitaine anglais, qui nous avait abordé avec plus de cent des siens : » Feu ! feu ! » criait le Renard à mon père. L’explosion se fit : tout fut englouti…

» J’avais senti une épouvantable secousse. Puis je perdis tout sentiment. La fraîcheur de l’eau me fit revenir à moi, et je me trouvai suspendu à un débris. Je vis des Anglais qui dans leurs chaloupes allaient çà et là recueillant des naufragés. Je fus ramassé comme les autres ; mon père était mort ! Le Renard de la mer était mort ! De notre équipage, il restait deux hommes ! de notre brigantin quelques, planches ! Mais aussi des deux frégates anglaises il n’en restait plus qu’une désemparée ; l’autre avait coulé par l’explosion de notre brigantin. Pendant ce temps, le grand convoi qui arrivait du Nord entrait à Dunkerque, et j’allai prisonnier en Angleterre avec les deux matelots qu’on avait sauvés.

» Voilà, mon fils, ce qu’a été ton grand-père ! ce que j’ai été ! sois digne de nous. »

À ce dernier mot, un flot de sang jaillit de la bouche de Cornille Bart : » J’étouffe, dit-il faiblement ; oh ! c’est la balle anglaise ! » et il s’affaissa sans vie dans les bras de sa femme et de son enfant. » Mon père ! mon père ! s’écriait Jean, les Anglais aussi t’ont tué ! » Puis, se