Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/194

Cette page n’a pas encore été corrigée

pourrez encore vous venger de ceux qui vous ont blessé, » ajouta sa femme.

Cornille Bart secoua tristement la tête. » Que Dieu t’entende ! murmura-t-il ; je voudrais seulement pouvoir mener notre Jean en mer une fois contre l’ennemi, puis je mourrais content.

— Ce sera ! ce sera ! mon père, dit le petit Jean en se pendant au cou du blessé. Mais racontez-moi la mort de mon grand-père ; il y a longtemps, bien longtemps que vous m’avez promis cette histoire.

— Entends-tu le canon qui gronde ? dit Cornille Bart. Cet accompagnement convient à mon histoire. Écoute et souviens-toi toute ta vie qu’ils ont tué ton grand-père et qu’ils m’ont blessé, moi, peut-être à mort.

— Ma vie sera vouée à les exterminer ! s’écria Jean, les deux poings serrés ; parlez, parlez, vos paroles se graveront en moi comme ces boulets qui trouent en ce moment les murs des remparts. »

Le père se leva et dit : » J’aurai plus de force en parlant debout. »

La mère l’épiait, anxieuse.

» Maître, puis-je rester pour vous entendre ? dit le serviteur.

— Oui, mon vieux, va chercher ton chantier et ta galère ; vous travaillerez tous les trois en m’écoutant. »

Le matelot sortit, et après quelques instants il revint, tenant dans ses bras une petite galère en bois des îles, qui était un chef-d’œuvre d’exécution ; aucun détail n’avait été oublié ; elle était armée en guerre avec de petits canons de fonte ; il ne restait plus à poser que les cordages, les voiles