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— Parce qu’il disait d’un ton goguenard que vous ne monteriez plus sur votre vaisseau pour donner chasse aux siens.

— Toujours des querelles ! murmura la mère effrayée.

— Quoi ! mère, vous ne m’approuvez pas ? Je bats les Anglais parce que les Anglais ont blessé mon père.

— Laissez faire votre fils, maîtresse, reprit le vieux matelot ; c’est un brave enfant, dont on parle déjà sur toute la côte ! Voyez-vous, c’est fier ce qu’il a fait il y a un an, ce petit homme-là, lorsqu’avec ces deux mousses de Hollande il s’en est allé bravement à travers la haute mer sur le canot qu’il vous avait pris. Le temps était calme d’abord ; mais au retour, le vent était d’aval, la bourrasque éclate, notre petit capitaine dirige la barque, il rame, il rame ; les mousses hollandais avaient peur, il leur fait honte et rentre triomphant dans le port.

[Illustration : Jean Bart et les deux mousses en pleine mer]

— Vous oubliez mon inquiétude, et vous l’encouragez dans ces folies, objecta la mère ; mon ami, poursuivit-elle en se tournant vers le malade, il faudrait réprimander Jean et lui défendre d’être toujours sur le port dans les agrès ou dans les mâts des vaisseaux. Il serait cependant bien temps qu’il apprît à lire.

— Je ne veux pas en faire un clerc, répondit le père, qui semblait se ranimer en entendant parler de l’audace de son fils. Il sera brave comme son grand-père Antoine Bart, qui est mort avec gloire sous le canon de l’Anglais.

— Mon grand-père est mort blessé par les Anglais ! s’écria le petit Jean Bart, pourpre de colère.

— Oui, mon enfant,