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ne pas heurter les jambes affaiblies du corsaire. » Oh ! ces maudits Anglais, que je les hais ! s’écria-t-il à un gémissement du blessé ; si je pouvais leur rendre la blessure qu’ils vous ont faite, mon père !

— Patience, patience ! ils sont en ce moment les alliés de notre jeune roi ; cela nous oblige à suspendre nos haines ; mais l’heure reviendra où nous pourrons leur courir sus. »

Le regard du vieux corsaire s’enflamma.

» Mon père, dit le petit Jean, vous me conduirez avec vous !

— Oui, et si je ne peux t’y conduire, tu iras tout seul ; car vois-tu, mon fils, c’est une guerre de race, et les Bart, de père en fils, ont pourchassé ces chiens d’outre-mer. »

Le blessé porta la main à son flanc droit. Il avait pâli.

» Vous souffrez beaucoup ? lui dit sa femme alarmée.

— Cette balle anglaise est là comme un affront, répliqua Cornille Bart. Ah ! si je pouvais l’arracher !

— Vous me la donneriez, mon père, reprit l’enfant, et je vous assure qu’elle tuerait un de ces Anglais.

— Quel enragé ! dit le vieux marin qui faisait le service de la famille et qui venait de rentrer dans la chambre ; vous n’avez pas besoin de balles, jeune maître, pour les houspiller ; et ce matin votre bâton et vos poings vous ont suffi pour mettre en sang le petit John Brish.

— Qui est John Brish ? dit le blessé.

— Le fils de cet ancien bosseman anglais, notre voisin, reprit le matelot.

— Pourquoi l’as-tu battu, petit ? dit le père.