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ils s’informaient avec anxiété, à la porte de la maisonnette, de la santé de l’intrépide corsaire Cornille Bart, qui avait été blessé récemment en tentant d’enlever un navire anglais. Depuis un mois il ne pouvait quitter sa chambre, lui dont la mer était l’élément. Un vieux marin qui servait de domestique au corsaire assurait à ses compagnons assemblés sur la porte que leur maître allait mieux. Le médecin n’avait pu extraire la balle qui avait pénétré dans les chairs. » Mais enfin, répétait le matelot, on peut vivre avec une balle sous la peau, et j’espère que notre chef vivra ; il reprend des forces ; il s’est levé aujourd’hui. Bonsoir, mes amis, et bonne espérance. » Ayant parlé ainsi, le vieux marin attaché au service de Cornille Bart referma la porte de la maison et rentra dans la chambre de son maître.

C’était une pièce éclairée par une fenêtre en ogive. Les murs étaient tapissés de cuir bosselé d’or ; un grand lit de noyer massif, à colonnes torses, s’élevait au fond. Sur ce lit était assis un homme de haute taille, à cheveux blancs et à moustaches encore blondes. Une femme soutenait le blessé, et un robuste enfant à longs cheveux blonds, assis à ses pieds sur l’estrade du lit, tenait une de ses mains rudes qu’il baisait. Cet enfant pouvait avoir environ neuf ans ; il était d’une taille moyenne, mais forte ; son front était large, ses sourcils épais ; son œil vif et bleu exprimait une résolution au-dessus de son âge, son teint hâlé annonçait la vigueur et la santé.

» Chausse les mules de ton père, dit la femme sur qui le blessé s’appuyait, puis nous le soutiendrons ensemble, et il essayera de marcher un peu. »

L’enfant obéit ; ses petites mains se faisaient câlines et allaient doucement, pour