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reproches, car il sentait qu’il possédait en lui de quoi se justifier un Jour.

[Illustration : Pic de La Mirandole étudiant auprès de sa mère]

À dix ans, en effet, il connaissait déjà toute la littérature ancienne, et il composait des vers qu’admiraient avec étonnement tous ceux qui les pouvaient comprendre. Sa mère aimait à les lui entendre répéter, et souvent, dans un transport de tendresse et d’orgueil, elle s’écriait : » Jean, sans doute, fera de grandes choses ! »

Donc, sans avoir pu faire partager cette opinion au comte François, elle avait enfin obtenu de lui qu’il laisserait se développer en paix cette intelligence dont il ne devinait pas l’étendue.

Cependant une nouvelle guerre éclata bientôt entre les deux familles. Chacune, en prenant les armes, avait juré de ne les quitter qu’après l’extinction de l’autre. Les combats furent longs et sanglants. Des deux côtés, la valeur était la même, et la victoire ne se serait pas décidée à nombre égal ; mais le comte François, qui n’était pas aimé, vit se coaliser contre lui plusieurs princes voisins, et il fut vaincu par Bonacossi ; celui-ci aurait exterminé la race entière du comte, si le gouvernement de Modène n’était intervenu. Les Mirandole eurent la vie sauve, mais tous leurs biens furent confisqués et on les exila des États de Modène, où on leur défendit de rentrer sous peine de mort.

Ce fut un jour de grande douleur pour le comte que celui où il fut chassé du château de ses aïeux, et où il dut aller mendier sur la terre étrangère le pain dur de l’hospitalité ; il versa des pleurs de rage en passant sous la haute porte blasonnée de son manoir féodal, et ses fils