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En recevant ces heureuses nouvelles, Étienne Pascal se hâta de revenir à Paris ; il se présenta, avec ses trois enfants, à Ruel, chez le cardinal, qui lui fit l’accueil le plus flatteur. » Je connais tout votre mérite, lui dit Richelieu ; je vous rends à vos enfants et je vous les recommande ; j’en veux faire quelque chose de grand. »

Deux ans après, Étienne Pascal fut nommé à l’intendance de Rouen, et il alla s’établir dans cette ville avec sa famille. La jeune Jaqueline, qui n’avait cessé de s’exercer à faire des vers, obtint le prix de poésie décerné chaque année à Rouen, à la fête de la Conception de la Vierge, qui était le sujet même du concours. Quoique ces vers ne méritent pas d’être cités, ils eurent alors un prodigieux succès. Le prix fut porté à Jaqueline en grande pompe, avec des trompettes et des tambours, et Corneille, présent à cette cérémonie, fit un impromptu sur le triomphe et la modestie de la jeune muse, qui s’était dérobée à cette ovation.

Voici le début de ces vers ; ils étaient adressés au prince qui présidait la solennité :


Pour une jeune muse absente,

Prince, je prendrai soin de vous remercier,

Et son âge et son sexe ont de quoi convier

À porter jusqu’au ciel sa gloire encor naissante.

Guidée par le génie de Corneille, qui peut dire jusqu’où serait monté le vol de cette intelligence, dans ce beau siècle où un souffle de grandeur passa sur les âmes et s’en exhala ? Mais la gloire, sans doute, effraya Jaqueline ; elle en détourna ses regards avec une sorte d’éblouissement,