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afin de prouver sa force qu’il fit l’équipée que nous venons de raconter.

Vers le même temps, un vieil officier, ami de son père, dînait au château. Henri avait passé la journée à lire Quinte Curce ; il avait l’âme pleine d’Alexandre et ne parlait plus que de ses exploits. Le vieil officier, heureux de l’entendre, se plut à l’exciter en le contredisant.

» Votre Quinte Curce n’est qu’un faiseur de romans, s’écria-t-il ; rien n’est vrai dans cette vie d’Alexandre.

— Pourquoi ? s’écria l’enfant.

— Parce que tout y porte le cachet du merveilleux.

— Le grand, l’héroïque tiennent de la fable pour ceux qui n’en ont pas l’instinct en soi, répliqua l’enfant ; pour moi, je crois à la vie d’Alexandre. » Son œil lançait des éclairs, et son geste jetait le défi.

La duchesse de Bouillon, voulant l’éprouver, prit parti pour l’officier : » Monsieur a pourtant raison, dit-elle ; toute cette vie glorieuse n’est qu’un tissu d’aventures imaginées.

— Je ne veux pas vous manquer de respect, ma mère ; mais je ne puis vous croire, s’écria l’enfant. Je sens qu’Alexandre a existé, qu’il a fait de grandes choses, et il me semble même que je tiens à lui par quelque côté.

— Par un aïeul lointain, reprit la mère en riant.

— Qui sait ?

— Mon petit ami, ajouta le vieil officier, vous êtes âpre à la contradiction.

— Je suis ainsi pour ce que je crois, et ni vous ni ma mère ne m’avez convaincu. » Et il sortit d’un air farouche après avoir dit bonsoir.

» Il sera indomptable, » murmura l’officier.