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on crut presque à quelque attaque nocturne, et le duc de Bouillon parut en armes dans la cour extérieure. En apercevant le chevalier de Vassignac, il s’écria : » Qu’arrive-t-il donc ? la duchesse, mon fils, sont-ils en danger ? »

Le chevalier lui dit de quoi il s’agissait.

» Je gage que ce diable à quatre est sur les remparts, dans quelque bivouac, à se faire raconter des histoires de guerre, dit le duc qui connaissait l’âme de son fils. Venez, mes amis, nous le retrouverons. »

Et il se mit en tête, donnant le bras au précepteur. Au premier feu de bivouac qu’ils trouvèrent et autour duquel étaient rangés les soldats de garde, l’officier de service lui dit : » Nous l’avons vu, monseigneur ; nous pensions qu’il vous précédait ou qu’il vous suivait ; il nous a fait quelques questions sur la défense des places fortes, sur les armements et les affûts des canons, puis il nous a quittés en disant : » Je veux faire ainsi le tour des remparts. »

Le duc de Bouillon et ceux qui l’escortaient se remirent en marche. Au bivouac suivant on lui dit encore : » Le jeune vicomte de Turenne a passé il y a trois quarts d’heure ; il s’est chauffé à notre feu ; a goûté au vin de nos gourdes, puis il a dit : » En avant ! » et s’est enfui en courant.

— Nous le rejoindrons, » s’écria le père rassuré, et il continua à faire le tour des remparts.

Au troisième bivouac on lui dit : » Il n’y a pas un quart d’heure qu’il a passé ; notre vieux sergent nous racontait des combats sanglants du temps de la Ligue, et le jeune vicomte, votre fils, monseigneur, votre digne fils écoutait