Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/145

Cette page n’a pas encore été corrigée

Pierre comme son fils, de lui donner trop d’orgueil.

— Vous avez raison, répliqua l’évêque ; mieux vaut lui être utile que d’exalter son esprit. » Et il parut réfléchir.

Quand le repas fut terminé, l’évêque s’entretint avec le curé et quelques-uns des invités des intérêts de la paroisse, puis il leur dit adieu ; car il devait aller coucher le soir même dans un autre village, où il donnait la confirmation le lendemain.

Toute la population entoura la voiture de l’évêque au moment du départ en poussant des vivat ; on croyait que le carrosse allait regagner la grande route à travers champs, et tous les assistants furent surpris de lui voir suivre un petit sentier tortueux qui ne conduisait pas au chemin que l’évêque devait prendre. Plusieurs l’accompagnèrent avec curiosité, et cette curiosité redoubla quand ils virent la voiture de Monseigneur s’arrêter devant la modeste maison du père de Pierre.

Monseigneur descendit lui-même de son carrosse ; il traversa le petit jardin et se fit annoncer aux parents du merveilleux enfant. Ceux-ci accoururent sur le seuil de leur porte en poussant des exclamations de reconnaissance et de bonheur.

» Voulez-vous me confier votre fils ? leur dit l’évêque avec bonté.

— Quoi ! monseigneur, est-ce possible, répliqua le père en tremblant de joie ; vous voulez vous charger de l’éducation de notre enfant !

— Oui, je le désire, répondit l’évêque ; car cet enfant