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de l’Église ; on le reçoit jeune, parce qu’il doit influer sur toute la vie. Merveilleux symbole ; l’Esprit saint descend en nous et nous inonde de ses clartés ! c’est-à-dire qu’il nous suggère la triple lumière du bien, du beau et du juste ; il nous élève au-dessus de la brute et de ses appétits ; il fait que l’intelligence domine la matière !

C’est en ce sens que l’évêque de Digne, qui était non-seulement un saint homme, mais un savant ecclésiastique, parla à ces enfants attentifs qui l’écoutaient, comme si la voix de Dieu se fût fait entendre. Toute l’assistance était émue, mais personne ne l’était autant que le petit astronome, qui trouvait dans les paroles de l’évêque l’approbation de ses propres pensées. Pierre était radieux de ce que l’illustre prélat ne séparait pas la foi de la science. Il eût voulu, son discours terminé, aller baiser le bas de sa robe et lui demander sa bénédiction particulière ; mais la timidité et le respect le retinrent, et quand la cérémonie fut terminée, après avoir déposé son habit d’enfant de chœur, il s’éloigna de l’église avec la foule, sans espérer de laisser un souvenir à ce grand évêque dont la parole était si pénétrante.

À l’issue de la cérémonie, pour fêter dignement monseigneur l’évêque, le bon curé de Chantersier réunit à dîner tous les notables du village. Quand les convives furent assis et que le repas eut commencé, l’évêque dit au curé :

» Il manque quelqu’un ici.

— Qui donc, monseigneur ?

— J’aurais voulu voir assis parmi nous ce petit orateur qui sera un jour un grand homme.

— Je crains, répondit le bon curé, qui aimait pourtant