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et dès ce jour ils témoignèrent à Pierre une sorte de respect.

À quelque temps de là, ce fut une grande fête dans le village de Chantersier. Mgr l’évêque de Digne, qui était en tournée épiscopale, s’y arrêta pour la confirmation. On décora l’église avec des tentures d’étoffes et des fleurs, et on dressa sur la place où s’ouvrait le grand portail un arc de triomphe champêtre, recouvert de branches de buis et orné de bouquets de lavande et de roquette. Aux fenêtres des maisons qui donnaient sur la place, on avait étalé, en guise de tentures, des draps, des couvertures et des rideaux. Le curé et son desservant avaient revêtu leurs plus beaux habits sacerdotaux. Tous les enfants de l’école avaient été transformés en enfants de chœur, et parmi eux on remarquait le petit Pierre, dont la bonne mine et l’œil vif charmaient tous les regards. Il était debout sur le seuil de la porte de l’arc de triomphe opposée à celle par laquelle Mgr l’évêque devait arriver ; il tenait un papier à la main dans lequel il regardait souvent.

[Illustration : Le petit Pierre, placé en face de l’évêque, se mit à débiter une harangue.]

Tout à coup un grand mouvement se fit dans le village ; on entendit un bruit de roues : c’était le carrosse de monseigneur. Aussitôt retentirent des acclamations joyeuses ; mais elles furent couvertes par un chant d’église qu’entonnèrent le curé, les chantres et les enfants de chœur.

Monseigneur était descendu de voiture, et, suivi de ses grands vicaires, traversait l’arc de triomphe champêtre. Le chant s’arrêta, et le petit Pierre, placé en face de l’évêque, se mit à débiter une harangue d’une voix claire et sonore. Il commença par dire quelle fête c’était