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vin claret aidant, quelques petites querelles commencèrent.

La nuit était venue, et la lune brillait en ce moment de tout son éclat ; quelques beaux nuages blancs lui faisaient cortége. Pierre tout à coup échappe au jeu et au bruit de ses camarades et se met à considérer le ciel. Un d’eux, le plus jaloux de ses compagnons d’école, s’apercevant de cette demi-extase, vint le tirer par la manche.

» Monsieur le savant, lui dit-il, puisque vous connaissez si bien ce qui se passe là-haut, dites-moi donc si c’est la lune qui court en ce moment par-dessus votre tête ou si ce sont les nuages ?

— Quoi ! vous ne savez pas cela ? répondit Pierre avec une sorte de dédain involontaire.

— Et toi-même, tu n’en es pas sûr, mon petit homme, répliqua l’autre ; autrement, tu l’aurais dit bien vite ! Voyons, vous autres, ajouta-t-il en se tournant vers la bande qui les avait rejoints, qu’en pensez-vous ? est-ce la lune qui court ou les nuages ?

Tous s’arrêtèrent à l’apparence et répliquèrent que c’était la lune qui glissait rapidement dans le ciel.

» Vous vous trompez, reprit tranquillement le petit Pierre, et je vais vous le prouver sans réplique. Suivez-moi sous ce grand merisier. »

Chacun marcha sur ses pas et se plaça auprès de lui sous les branches de l’arbre.

» Et maintenant, levez la tête, leur dit-il ; voyez, la lune nous apparaît toujours entre les mêmes feuilles, tandis que les nuages s’en vont loin de nous. »

Cette démonstration frappa tous ces enfants à tête folle, qui ne comprenaient pas tant de pensée et de réflexion,