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dont il lisait la description, et dès lors il semblait pressentir et préparer les découvertes qui devaient l’illustrer un jour. Il suivait avec étonnement le passage de Mercure devant le disque du soleil et les conjonctions de Vénus et de Mercure. Il notait ses observations, qu’il n’osait publier encore : il attendait que l’âge et l’autorité vinssent donner du poids à ses découvertes.

Pourvu que le firmament fût lumineux et les étoiles éclatantes, le vent le plus froid soufflant des Alpes ne l’arrêtait pas ; il sortait chaque soir durant tout l’hiver, enveloppé dans un petit manteau de grosse laine que lui avait fait sa mère. La passion de l’enfant était telle, qu’il ne se lassait jamais du spectacle du ciel ; il y suivait l’apparition et la marche des astres avec un intérêt toujours plus vif. Il donnait des noms aux étoiles qui n’en avaient pas dans son livre, et aux plus grosses de la voie lactée. Les innombrables myriades de nébuleuses le captivaient ; mais comment les classer et les désigner ? Parfois il se trouvait avec des bergers qui avaient observé les constellations et qui les connaissaient bien, quoique ignorant les noms que leur donnait la science. Ces bergers savaient s’orienter la nuit au moyen des astres et prévoyaient avec certitude le temps qu’il ferait, suivant les nuages qui glissaient sur la lune. Mais d’autres fois l’enfant avait affaire à de gros pâtres à l’esprit lourd, qui ne regardaient pas même les étoiles, et tenaient toujours leurs yeux abaissés sur la terre où leurs troupeaux broutaient ; alors il les secouait par leur manteau et les forçait à tourner leur regard vers quelque flamboyante constellation. Il leur nommait la Grande Ourse, composée de sept étoiles, et vulgairement appelée