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— Es-tu fou ? Comment veux-tu pénétrer si haut et si loin ?

— Mon père, il y avait des pâtres autrefois, il y a bien longtemps, qu’on appelait les bergers de la Chaldée ; comme moi ils étudièrent les étoiles, et ils finirent par marquer leur place dans le ciel ; qui sait si je ne finirai pas comme eux par faire quelque découverte et par donner des noms aux étoiles ! Quand je parle de tout cela au curé, il ne se moque pas de moi, je vous assure, et il m’a même promis de me prêter un livre sur ce sujet.

— Allons, allons, il faut toujours céder aux enfants, reprit le père à moitié convaincu ; dès demain j’irai voir M. le curé, et je saurai si tu dis vrai ; en attendant, au lit et bien vite ; tu mériterais d’être puni pour avoir troublé mon somme et celui de ta mère. »

Mais l’enfant embrassa si tendrement ses parents, qu’ils ne purent lui garder rancune. Ils rentrèrent tous trois au logis, bras dessus, bras dessous, et en parfaite harmonie.

Le lendemain matin, Pierre se rendit à l’école, selon sa coutume, et son père, avant de se mettre au travail, alla faire visite au curé. Il le trouva lisant son bréviaire dans son petit jardin attenant à l’église ; il lui raconta ce qui s’était passé la veille.

Le bon prêtre était un homme savant, comme l’étaient tous les prêtres à cette époque.

» Vous êtes trop heureux, dit-il à l’ignorant villageois, votre fils est un enfant prodigieux, qui pourra bien devenir un jour un grand homme. »

Le père regardait le curé bouche béante et sans Comprendre.

[Illustration : Votre fils est un enfant prodigieux.]