Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/130

Cette page n’a pas encore été corrigée

» Eh bien, où l’avez-vous vu ? où est-il ? Je suis bien sûr que vous avez menti, dit le père à la troupe aboyante qu’il menaçait du geste.

— Venez ! venez ! répétait le chef de la bande, suivez-nous, et vous allez le trouver assoupi, après s’être gonflé de figues marseillaises. Quant aux olives, il en a rempli par vingt fois son chapeau, et il en a fait bien sûr quelque tas dans un fossé à sec où il les a cachées, pour vous les apporter sans doute quand la nuit sera plus avancée. »

À ces paroles, qui accusaient d’une sorte de complicité l’honnête villageois avec les vols supposés dont on chargeait son fils, ne pouvant retenir sa colère, le père de Pierre leva son bras robuste sur le petit vaurien qui parlait de la sorte ; mais, leste comme une couleuvre, celui-ci glissa entre ses jambes et se déroba à la correction.

Lorsqu’il fut à distance, il riposta :

» Allons, le vieux, ne vous fâchez pas, et suivez-nous, si vous voulez. »

Impatient de retrouver son fils, le père du petit Pierre se mit en marche ; sa femme le suivit, malgré l’injonction qu’il lui fit de ne pas quitter la maison. Quand une mère croit ses enfants en danger ou en faute, elle accourt toujours comme un ange gardien.

La nuit était froide, mais claire ; ainsi que nous l’avons dit, la lune et de belles étoiles éclairaient le firmament. Le père et la mère, en se soutenant l’un l’autre, purent donc suivre la trace des petits malfaiteurs qui couraient devant eux. Ceux-ci, arrivés au pied du tertre au sommet duquel Pierre était assis, se mirent à crier en agitant leurs bras en l’air :