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chant de la Bible, répondaient en chœur à la voix d’Agrippa. En voyant ce guerrier adolescent, pâle, beau, indomptable, ils croient à quelque ange descendu du ciel pour les guider ; ils se pressent autour de lui, exterminent l’ennemi et le repoussent loin des murailles, toujours devancés par le seigneur d’Aubigné, qui met à profit cette ardeur des siens sans avoir découvert ce qui l’inspire.

Ainsi qu’Agrippa l’a décrit plus tard dans ces vers :


Là l’enfant attend le soldat,

Le père contre un chef combat,

Encontre le tambour qui gronde

Le psaume élève son doux ton,

Contre l’arquebuse, la fronde,

Contre la pique, le canon.

La mêlée devenait de plus en plus sanglante ; le seigneur d’Aubigné, emporté loin de sa troupe, est atteint par un éclat d’obus. Agrippa, qui n’avait pas encore pu rejoindre son père, arrive à ses côtés comme il chancelait : » Toi ici ! toi, mon cher fils ! s’écrie le blessé ; est-ce bien toi, ou n’est-ce que ton spectre ? » L’enfant couvre, son père de larmes et de baisers.

» Frappé ? dit-il.

— À mort, répondit le chef des huguenots.

— Ah ! pourquoi Dieu m’a-t-il laissé vivre, s’il devait vous faire mourir ? murmure Agrippa désespéré.

— Pour que tu continues notre race, dit le mourant que ses soldats entourent. Allons, Agrippa, prends ma place et remplis-la bien ; rends-toi redoutable par l’épée et par la plume, mon brave enfant. »