Page:Colet - Enfances celebres, 1868.djvu/111

Cette page n’a pas encore été corrigée

son cheval, son fils l’imita, et comme il le dit plus tard dans son poëme des Tragiques :


L’œil si gai laisse alors tomber sa triste vue,

L’âme tendre s’émeut…

Le sang sentit le sang, le cœur fut transporté.

La foule et les archers, comme frappés de stupeur, les laissèrent s’éloigner. Quand ils se retrouvèrent sur les bords de la Loire, le père posa sa main sur la tête d’Agrippa : » Mon enfant, dit-il, il ne faut point que ta tête soit épargnée après la mienne pour venger ces chefs pleins d’honneur ; si tu t’y épargnes, tu auras ma malédiction.

— Mon père, je vous jure, répliqua l’enfant, de ne jamais renier notre foi et notre parti. »

Il tint parole. Plus tard, dans des vers énergiques et pittoresques, il a jeté l’anathème aux horreurs de la guerre civile, et il s’est écrié :


Oh ! que nos cruautés fussent ensevelies

Dans le centre du monde ! oh ! que nos hordes vies

N’eussent empuanti le nez de l’étranger !

Parmi les étrangers, nous irions sans danger,

L’œil gai, la tête haut, d’une brave assurance

Nous porterions au front l’honneur ancien de France.

Puis rappelant les supplices infligés aux huguenots :


Pourquoi, leur dit le feu, avez-vous de mes feux,

Qui n’étaient ordonnés qu’à l’usage de vie,

Fait des bourreaux valets de votre tyrannie ?