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à mesure qu’il lisait.

— Merveilleux ! s’écriait le précepteur, qui suivait sur le texte grec ; il a deviné le génie de la langue de Platon et s’en est souvent approprié les expressions. »

À ces éloges, l’enfant regardait son père et semblait lui demander s’il était satisfait. Le seigneur d’Aubigné restait muet, mais quelques larmes roulaient dans ses yeux baissés et avaient grand’peine à ne pas en jaillir. Quand la lecture fut terminée, il embrassa tendrement son fils et lui dit :

» Je tiendrai la promesse que je t’ai faite, Agrippa ; notre ami Henri Étienne emportera ton manuscrit à Paris, et l’imprimera avec ton portrait en tête.

— Ce sera fait prestement, ajouta Henri Étienne, et l’âge de notre cher petit traducteur sera indiqué dans une préface que j’écrirai moi-même. Quant au portrait, je vous enverrai un de nos meilleurs graveurs, pour qu’il le fasse ici même d’après le modèle. »

Le petit Agrippa restait pensif, appuyé contre l’épaule de son père.

» Quoi ! vous n’êtes pas plus réjoui que cela ? lui dit le précepteur ; monseigneur d’Aubigné outrepasse pourtant la promesse qu’il vous avait faite ; il avait bien dit qu’il ferait imprimer votre traduction, mais y mettre en tête votre portrait, c’est une seconde récompense qui devrait vous rendre tout fier.

— Ce n’est point mon portrait que je voudrais y voir, répliqua l’enfant.

— Et lequel ? reprit maître Béroalde ; peut-être le