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NOTICE SUR AGRIPPA D’AUBIGNÉ.


Théodore-Agrippa d’Aubigné naquit à Saint-Maury, près de Pons, en Saintonge, le 8 février 1550, d’une famille très-ancienne, qui avait embrassé la réforme des calvinistes. Sa mère mourut en le mettant au monde, ce qui lui fit donner le nom d’Agrippa, ægre partus (né difficilement) ; il reçut de son père une forte et savante éducation ; à six ans, il lisait déjà le latin, le grec et l’hébreu.

Il se trouva à treize ans au siége d’Orléans, et s’y distingua ; quand il perdit son père, on l’envoya étudier à Genève, sous le célèbre de Bèze, qui le prit en affection. Dégoûté des études, il s’enfuit à Lyon, et bientôt s’engagea dans les armées du roi de Navarre (depuis Henri IV). Il se fit aimer du roi par sa gaieté et son esprit ; ce fut dans les camps qu’il composa sa tragédie de Circé.

Henri IV dut beaucoup à d’Aubigné dans les guerres qu’il fut obligé d’entreprendre pour reconquérir son royaume. À la mort de ce roi, d’Aubigné fut persécuté pour avoir publié une histoire très-hardie sur les hommes et les événements de son temps ; il se réfugia à Genève. Ses biens furent confisqués, et ses ennemis obtinrent un arrêt qui le condamnait à avoir la tête tranchée.

D’Aubigné s’était marié, en 1588, avec Suzanne de Lerny ; il eut de ce mariage plusieurs enfants, entre autres Constant d’Aubigné, qui fut le père de Mme de Maintenon. Il