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meté de son caractère : elle avait le front haut, le nez grand et aquilin, la bouche large, mais ornée de belles dents. Sa taille était petite et mal faite, et c’est sans doute pour en dissimuler les défauts qu’elle choisissait toujours des costumes qui se rapprochaient de celui des hommes. Cette femme, cette reine, c’était Christine de Suède, qui venait d’arriver en France. On l’accueillait à la cour de Louis XIV avec les honneurs dus à son rang : l’étiquette et la politique voulaient qu’on eût pour elle de grands égards. Mais Anne d’Autriche, le cardinal Mazarin et le jeune roi lui-même souffraient visiblement de son passage à la cour. Autant elle émerveillait les savants de l’époque par son érudition variée et sa facilité à parler toutes les langues, autant elle révoltait les gens de cour par son mépris des convenances et son souverain laisser-aller.