Page:Colet - Deux mois d emotions - 1843.djvu/58

Cette page n’a pas encore été corrigée

bonheur ; enfin, je vivais, je rajeunissais : cette chaleur, souvent accablante même pour les enfants du Midi, est nécessaire à mon organisation ; en la ressentant après tant d’années, j’éprouvais un ineffable bien-être. Le bateau fuyait toujours ; déjà je voyais, par l’œil de la pensée, les lieux qui m’attendaient ; bientôt je découvris au loin les monuments d’Avignon : d’abord le château du pape et l’église bâtie sur la même hauteur. Avant d’arriver à Avignon on aperçoit, à gauche sur le rivage, une tour ronde, très élevée, parfaitement conservée et d’une belle architecture ; elle se mire dans les flots, le vent s’engouffre dans ses meurtrières, et, durant la nuit, on dirait un fantôme qui pleure et se lamente. La tradition populaire nous apprend que cette tour était souvent visitée, au commencement du dix-huitième siècle, par un vieillard qui mourut centenaire-