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le nom de ce bateau, rasait les flots avec la rapidité de l’oiseau qui lui servait d’emblème. Debout sur le pont, je regardais le jour se lever dans les saulées du rivage et répandre ses lueurs blanches sur les grèves que nous rasions, je pensais à cette phrase de Pascal : Les fleuves sont de grands chemins qui mènent où l’on veut aller. La vapeur a rendu le mot d’une incontestable justesse.

Les bords du Rhône ne valent pas ceux de la Saône ; ils sont souvent plats et nus. Je ne vous dirai rien de Vienne et de Valence ; ce n’était pas encore là mon cher Midi, mais enfin je vis se dessiner sur le Rhône, grossi par la Drôme, l’Isère et d’autres rivières, les arches innombrables du pont Saint-Esprit, se déroulant sur l’immense largeur du fleuve ; je sentis un air plus brûlant circuler autour de moi ; j’aspirai cet air de flamme, cet air natal, avec