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De ces demeures délabrées et malpropres où nos élégantes n’oseraient pas poser le pied sortent les merveilleuses soieries, les gazes prestigieuses dont elles se parent, insoucieuses de ce qu’il a fallu de travail et de peine aux pauvres gens qui les ont fabriquées. Je considérais avec une mélancolie profonde ces déplorables habitations : parfois une tête hâve, à l’expression presque idiote, apparaissait à une des longues fenêtres, ou bien c’étaient des enfants amaigris qui venaient jeter des immondices sur le seuil de leur pauvre maison, ou bien encore une femme vieillie avant l’âge qui lavait le linge de sa famille dans un tonneau rempli d’eau jaunie. La vue de cette effrayante misère me plongeait dans une douloureuse méditation. Que de plaies encore dans notre belle France, où pourtant nous avons tous un désir sincère de voir le peuple libre et heu-