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Le Sentier des Anges aboutit aux rues étroites et sombres du quartier Saint-Jean, si l’on peut donner le nom de rues à de pareils alignements de maisons ; et d’abord on se trouve dans une ruelle appelée la Montée des Capucins. De chaque côté, le long des maisons, en place de trottoirs sont de hautes marches qu’on franchit péniblement. Les piétons peuvent d’un côté à l’autre se donner aisément la main ; de pauvres maisons sales, noires, bornent à perte de vue cette misérable ruelle, à chaque étage (et nous en avons compté neuf) : on entend le bruit monotone des métiers auxquels les ouvriers indigents sont enchaînés dès l’aube, et qu’ils ne quittent souvent qu’après une longue veillée. C’est là, madame, que se fabriquent les plus riches et les plus élégantes étoffes, celles qui ornent les plus beaux salons de Paris, celles qui parent les femmes les plus charmantes.