Page:Colet - Deux mois d emotions - 1843.djvu/405

Cette page n’a pas encore été corrigée

sène Icard,|qui eut tant de peine à diriger mon enfance mutine ; son absence m’attrista ; j’ai su depuis qu’elle avait partagé mes regrets. Je vis encore l’ancien hôtel de mon père, aujourd’hui habité par le sous-préfet. Là, j’évoquai longtemps son image tendrement respectée ; puis, je fus au cimetière pleurer sur sa tombe, avec ma vieille nourrice qui était accourue d’une campagne lointaine pour m’embrasser. J’aurais voulu passer plusieurs jours à Aix ; mais ma fille, la plus chère part de moi-même, ne m’avait pas suivie et son souvenir me disputait aux souvenirs de mon berceau. Je partis malgré les tendres reproches de mes amis qui m’escortèrent jusqu’au dernier moment ; quand les chevaux s’élancèrent, je sentis un serrement de cœur inexprimable ; le riant passé de l’enfance s’évanouissait une dernière fois pour moi. Je restai longtemps silencieuse et attendrie.