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Si sa voix en naissant ne nous soutenait pas,
Nous irions dans les pleurs de la vie au trépas.
Des plus nobles instincts que Dieu mit dans notre âme,
L’illusion allume et fait grandir la flamme ;
L’humanité lui doit ses élans généreux,
Et le cœur qui la perd a cessé d’être heureux !
Jeune, l’esprit frappé par le néant des choses,
J’ai senti succéder, tristes métamorphoses !
Au mirage éclatant qui m’attirait d’abord,
Le désenchantement, rivage au sombre bord,
Funestes régions, de deuil toujours couvertes,
Où l’âme, en s’avançant, compte et pleure ses pertes,
Où tout ce qu’elle aima devient cendre et débris,
Où l’amour et la foi ne trouvent plus d’abris,
Où le désir ardent de la gloire a fait place
À la froide raison qui comprend que tout passe ;
Que le plus grand éclat, comme le plus grand bruit,
S’apaise dans la mort et s’éteint dans la nuit !
Lorsque l’homme en est là, nul succès ne l’enivre.

Oh ! mes concitoyens, mon âme est dans ce livre ;
Lisez-le, vous venez que je n’ai point jeté
Un appel orgueilleux à l’immortalité.