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dont je voulus revoir chaque rue, chaque promenade, chaque monument.

M. Rouard me conduisit d’abord à la bibliothèque ; j’y déposai un volume de mes poésies complètes, que ma ville natale m’avait demandé, et je traçai sur la première page les vers suivants :

Sur les bancs studieux de la salle tranquille
Où ce livre aujourd’hui va trouver un asile,
Lorsqu’au bras de ma mère, enfant, j’allais m’asseoir,
Mon cœur battait déjà d’un poétique espoir :
Tous ces écrits fameux, immortel héritage,
Que le génie humain nous lègue d’âge en âge,
À la gloire semblaient me convier aussi.
Je me disais : Un jour j’aurai ma place ici I
Mon âme qui fermente ignorée, inquiète,
Un jour éclatera dans des chants de poète ;
Et dans ces mêmes lieux où je rêve à l’écart,
Des succès que j’envie alors j’aurai ma part !
L’illusion est sainte et sied à la jeunesse ;
Hélas ! que serions-nous sans cette enchanteresse !