loin, à l’est, les montagnes de la Suisse confondant leurs lignes blanches avec les lignes du ciel. En approchant de Lyon, on salue l’île Barbe, poétique sentinelle de la cité : quel délicieux tableau forme cette île ! En vain les inondations l’assiègent chaque hiver et lui enlèvent quelque pan de sa robe de verdure. La nature, toujours facile et prompte à se reproduire et à rajeunir, nous la montre au printemps suivant plus fraîche, plus riante et plus parfumée. Il n’en est pas de même de l’homme : une fois ravagé, il ne se relève plus ; la trace des malheurs qui le frappent est ineffaçable : c’est qu’en lui ce n’est pas seulement la matière qui est atteinte, c’est l’âme, et l’âme impose au corps sa douloureuse et tyrannique influence. En approchant de Lyon, les coteaux qui bordent la Saône deviennent plus élevés et plus nus ; sur un de ces rochers voisins des faubourgs
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